art préhistorique

Pour tout savoir sur la découverte du Mastodonte des Pyrénées, lisez la Revue Comminges CXXXVI -n°1 -2020 

Vivien Riout – Le Mastodonte des Pyrénées: récit d’une découverte

Bâtons percés et autres bâtons de pêche par Vivien Riout                      

                                           (1 )                                        

Résumé  :


Les études les plus récentes sur les bâtons percés ont largement fait mention d'un possible lien entre décors et fonction pour ces objets. Ces derniers accueillant très fréquemment des figurations de poissons, de cordes, de liens, de probables hameçons et des scènes de pêche, nous émettons l'hypothèse que certains bâtons percés sont des instruments de pêche que nous appellerons bâtons de pêche.

Etant donnée la similitude de motifs et de figurations sur d'autres objets de même taille, nous pensons pouvoir étendre la notion de bâtons de pêche à d'autres outils longs, en os ou en bois de cervidé, non perforés, présentant des motifs pisciformes, des représentations de poissons et ayant la même taille.

L'importance du corpus archéologique devrait nous faire revoir à la hausse l'importance de l'activité halieutique au Magdalénien final. De nouvelles recherches restent à entreprendre pour tenter de découvrir d'autres objets associés à la pratique de la pêche  : hameçons, leurres, lames à écailler, couteau à neige.


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Les bâtons percés sont très bien représentés dans les collections exposées au public. Ils rivalisent en richesse ornementale avec les propulseurs, ce qui a pu conduire certains auteurs dont Glory à voir en eux une arme, en l'occurrence un manche de fronde (Glory 1965).

A la suite de Breuil qui établissait un lien entre décors et fonction (1954), Rigaud et Allain ont avancé que :  «  l'examen attentif des décors si riches et diversifiés du mobilier osseux est capable d'apporter d'utiles informations complémentaires sur l'équipement des chasseurs magdaléniens  » (Allain, Rigaud, 1986, p.738).

Rigaud note : «  Durant près de quatorze ans (...) bien des décors (...) nous inciteront à rechercher une relation entre cordes et bâtons percés  » (Rigaud, 2001).

De son côté, Pierre Citerne estime que pour  «  les objets «  utilitaires  » que sont les harpons, les ciseaux, les bâtons percés (...) il paraît quasiment certain, inévitable même, que la nature intrinsèque de l'objet puisse participer du sens de son décor  » (Citerne  2003).

Si Allain et Rigaud proposent d'étudier le rapport entre décor et fonction, ils

chercheront un dénominateur commun entre les représentations de cordes sur les bâtons percés et les hypothétiques fonctions qu'ils lui attribuent, en occultant le bestiaire figuré. On pourrait faire le même reproche à notre étude dans la mesure où nous ne retiendrons du bestiaire que les figurations de poissons. Mais « Le thème du poisson cultive sa propre originalité au milieu d'un bestiaire à base de mammifères; Souvent seule ornementation d'un objet, il n'est pas volontiers associé aux autres animaux », «  Parmi les objets usuels, les bâtons perforés sont ceux qui accueillent le plus fréquemment les poissons.  »(Cleyet-Merle 1990).

Si décor et fonction sont liés, l'unicité du thème du poisson sur certains bâtons percés nous pousse à croire que la fonction de l'objet est en lien avec les poissons.

Pierre Citerne note la « rémanence de l'association d'un thème iconographique et d'un support sur une période de plusieurs millénaires, association avérée des nombreux bâtons percés, du Magdalénien moyen et supérieur, ornés de représentations de poissons  » (Citerne 2003).


Nous sommes à présent persuadés que dans l'imaginaire des hommes du paléolithique, les bâtons percés étaient associés aux poissons.


En parallèle à ces observations et au départ de cette étude il y eut l'intuition du pêcheur que je suis, que les bâtons percés avaient un lien avec une activité halieutique. Patrick Paillet (Paillet 2014) à propos des travaux d' Allain et Rigaud, note que sur les bâtons percés «  les motifs identifiés suggéraient l'accrochage, le bobinage ou l'enroulement.  » Ce vocabulaire de pêcheur enflamma aussitôt mon enthousiasme et conforta notre hypothèse.


Partant de là, nous postulons que les motifs sur les bâtons percés sont en lien avec leur fonction. Quelle activité a pu lier les hommes, leurs outils, les cordes et les poissons  ? En l'état actuel de nos connaissances, nous ne voyons que la pêche.

Le prestige du bâton de commandement en prend sérieusement pour son grade. Nous proposons de le renommer avec plus d'humilité  : bâton de pêche.

Étant donné la similitude de motifs et de figurations sur d'autres objets de même taille, nous pensons pouvoir étendre la notion de bâton de pêche à d'autres outils longs, en os ou en bois de cervidé, non perforés, présentant des motifs pisciformes, des représentations de poissons, ayant la même taille et des caractères de préhension satisfaisants.

Parmi eux figurerait le sceptre de la vache.


Quittons ici un instant les temps paléolithiques pour oser une comparaison ethnographique. Nous comprenons ses dangers mais espérons par ce biais montrer qu'une utilisation du bâton percé ou du bois de renne en bâton de pêche n'est en rien fantaisiste ou sans intérêt.

Pour commencer par un cas isolé, le Britannique Kevin Warrington (naturallore.wordpress.com), spécialiste de la survie en milieu froid,vivant et expérimentant en Laponie, a cherché à produire un outil de pêche dans un environnement constitué de steppes à rennes, avec des matériaux locaux.


Voici l'outil qu'il a mis au point  :

 

 

                                                                                   Bâton de pêche de Kevin Warrington

 

 

 

 

                                                                                      Bâton de pêche de Kevin Warrington



Pour l'avoir contacté, ce dernier assure que ce modèle sort de son imagination, qu'il ne s'est inspiré d'aucun modèle ethnographique connu. Ce seraient les impératifs économiques, esthétiques et fonctionnels qui l'auraient motivé.



Un autre exemple nous vient de Sibérie orientale où ce modèle est toujours en usage et provient d'un long héritage culturel  :



 

 

                                                        Bâton de pêche traditionnel russe


 

 

 

 

 

                                                                 Bâton de pêche traditionnel russe





La dernière comparaison ethnographique nous emmène chez les inuits:


 

 

 

 

                            Aulasaut: canne à jiguer inuit 1967

                              Canadian Museum of Civilisation



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 "Les Eskimo possèdent une canne très courte, qui sert à la fois de canne et de plioir pour la ligne" (A. Leroi-Gourhan 1973).

Voici la description qu'il propose:


 

Canne-plioir et ligne de fanon de baleine, Alaska, Eskimo

                                                                                                                     Dessin  V. Riout d'après dessin d'André Leroy Gourhan




                                                 Détail







Mais ceci étant de l'ethnographie comparée, promis nous n'en ferons plus (ou presque plus). Revenons à nos moutons, pardon, à nos poissons.


Si les bâtons percés sont des bâtons de pêche, l'évolution du corpus au cours du

paléolithique devrait correspondre à l'évolution des traces matérielles d'activité halieutique d'une part et aux variations des populations de poissons consommées d'autre part.

Selon Rigaud (2001), les bâtons percés sont présents durant tout le Paléolithique supérieur, ils se raréfient au Solutréen pour quasiment disparaître au Badegoulien avant d'exploser au Magdalénien.

En contexte archéologique, les hameçons droits en matière osseuse sont le type le plus courant,  «  ils abondent lors de certaines périodes comme l'Aurignacien ancien et moyen(...) ils sont quasi-absents dans le Solutréen (...) et au début du Magdalénien(...), pour foisonner durant le Magdalénien final » . (Cleyet-Merle 1990) Les Aurignaciens ont pratiqué la pêche comme en atteste de grosses prises, quant aux Solutréens « il ne faut pas leur parler de pêche  », « le boom de la pêche à la ligne est bien le fait de l'ultime phase du magdalénien  » (Cleyet-Merle 1990).

Il semblerait donc qu'au cours du Paléolithique il y ait eu une évolution similaire entre la présence des bâtons percés, des hameçons et des prises de poissons. Cela nous conforte dans l'idée que le bâton percé a bien un lien avec l'activité halieutique.

Recherchons, sur les bâtons percés et autres probables bâtons de pêche, des figurations évoquant des scènes de pêche.

Pierre Citerne(2003) recense 30 bâtons percés figurants des poissons.


Le bois de renne de la Laugerie-basse MAN 53925 pourrait représenter «  un saumon engamant une ligne, au bout de laquelle se trouve peut-être un leurre, les quatre traits courts dans le flanc du saumon pouvant alors êtres interprétés comme des ardillons fichés dans son ventre  » (Citerne 2003).

 

 

 

 

 

                                                                         Laugerie-Basse MAN 53925 relevé et dessin Pierre Citerne.





Nous suivons JJ Cleyet-Merle dans sa proposition d'appellation «  hameçons spiniformes  » pour les «  fouennes à oiseaux bifides  » (Cleyet-Merle 1990).


Déjà Breuil en 1908 proposait un montage en hameçon pour ces «  foennes  ».


 

 

 

 

 

Essais de reconstitution de la manière dont les hameçons (?) pouvaient être fixés à la ligne, Breuil 1908.




Nous trouvons de fortes similitudes avec «  deux motifs assez remarquables   » (Citerne 2003) sur la «  sagaie  » de la Laugerie-Basse (N° inventaire 53822).

 

 

 

 

 

 

                                               Laugerie-Basse MAN 53822 Dessin P. Citerne d'après Breuil et St Périer, 1927.




L'association de ces deux hameçons et des poissons figurés, nous évoque clairement une activité halieutique et nous proposons de classer cet objet parmi les bâtons de pêche.


Concernant les pointes fourchues, selon JJ Cleyet-Merle «  les pointes multifides s'accordent mal avec le but recherché » (Cleyet-Merle 1990). Au contraire, Breuil en 1908 proposait une utilisation surprenante de certain modèle fourchus, «  Un fait m'a toujours frappé pour cette catégorie de pièces, c'est l'extrême ressemblance de la partie fourchue avec une queue de poisson, et des deux crochets qui suivent avec les nageoires anales et seconde dorsale de certains poissons et surtout des poissons sculptés en contours découpés du Magdalénien ancien. Il n'est pas rare que des stries bien disposées augmentent encore cette ressemblance, et comme à dessein  ; je ne crois pas que ce soit une coïncidence  ; l'analogie fortuite de la terminaison bifurquée de ces objets et de la queue de poisson devait être observée par des pêcheurs et des artistes comme les magdaléniens  : la silhouette de l'animal aura réagi sur la forme de l'engin, et peut-être les magdaléniens sont-ils les inventeurs de la pêche au poisson artificiel...?  »   Breuil propose ici l'utilisation du leurre, nous croyons pouvoir confirmer son hypothèse avec le motif du bois de renne gravé de la Laugerie basse MAN 53886.

 

 

 

 

                                                                         Laugerie-Basse MAN 53886 relevé et dessin P. Citerne.






Ce poisson nous semble être un appât monté sur un hameçon multifide. «  La nageoire caudale est retranscrite par un motif fourchu éloigné de la réalité anatomique, qui semble lié par ses divers éléments constitutifs à la file de chevrons gravée en arrière du poisson. Deux chevrons puissamment gravés chevauchent l'arrière du poisson  » (Citerne 2003).

Ce montage est à mi-chemin entre le leurre et l'appât monté sur hameçon, et les pointes pour accrocher le poisson sont un détail de la queue qui est factice.



La proposition de montage de Breuil de l'hameçon à trois paires de barbelures trouvée à Bruniquel ressemble étrangement à la baguette de la Madeleine MAN60339.

 

 

 

 

 

Proposition de montage de l'hameçon de Bruniquel, Breuil 1908.

 

 

 

 

 

 

                                                  La Madeleine MAN 60339 Dessin P. Citerne d'après Capitan et Peyrony 1928.


 

 

 

Les auteurs des publications les plus récentes sur les bâtons percés se sont attachés à étudier les traces d'usures et les cassures pour déterminer la fonction de l'objet. Les traces d'usure sont la preuve d'un type d'usage répété et sont donc à même de nous conduire à découvrir la fonction d'un objet.

En revanche, il nous semble essentiel de tenir à l'écart l'idée selon laquelle un objet se casse durant son usage normal.

Un outil bien conçu et bien réalisé peut tout aussi bien se briser du fait d'un mauvais usage ou d'un usage détourné, que des suites d'une usure due à un emploi normal et répété.

Un magdalénien à qui l'on présenterait les épées gauloises laténiennes tordues et brisées intentionnellement lors de cérémonies, serait bien en peine de retrouver la fonction de l'épée en étudiant les déformations et les cassures.

Le dernier usage d'un objet cassé n'indique pas à coup sûr les usages précédents.

75% des bâtons percés ont été retrouvés brisés (Rigaud 2001). Nous ne pouvons exclure un comportement rituel dans les cassures des bâtons percés.

75% de casse signifierait que les Magdaléniens sous-dimensionnaient considérablement leurs outils,

alors qu'il aurait suffit de les faire dans une pièce de bois plus grosse.

Concernant les traces d'usures, elles conduisent à voir une cordelette traverser le trou des bâtons percés (Rigaud 2001).




Voici quelques propositions concernant l'usage des bâtons de pêche  :



 

 

 

          Proposition d'utilisation du bâton percé de la Laugerie Basse MNHN. N°38.189.1369 Dessin Vivien Riout

 

 

 

 

 

 

Proposition d'utilisation du bois de renne MAN N°53925 et hameçon suggéré par Breuil,1908. Proposition et dessin Vivien Riout d'après P. Citerne 2003 et Breuil 1908.

 

 

 

 

 

 

 

Proposition d'utilisation du bâton percé du Musée de l'Homme N°38,189,1264, sculpture en os du MNP (coll Peyrony) monté en leurre et hameçon hypothétique de Bruniquel sur poisson frais. Proposition et dessin Vivien Riout d'après Breuil 1908 et P. Citerne 2003

 

 

 

 

 

 

Proposition d'utilisation du bâton percé de la Plantade, localisation inconnue. Proposition et dessin Vivien Riout d'après P. Citerne 2003.

 

 

 

 

 

 

 

Proposition d'utilisation du bois de renne appelé «  le sceptre  » MAN N°83346 et du pendeloque de Recourbie associé à un hameçon bifide type Raymonden. Proposition et dessin Vivien Riout d'après P. Citerne 2003.

 

 

 

 

 

 

 

 

Proposition d'utilisation du bâton percé de la Laugerie Basse MAN N° 47139 (coll. Piette). Proposition et dessin Vivien Riout d'après P. Citerne 2003.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           Proposition d'utilisation du bâton percé d'Isturitz MAN 84789.

           Proposition et dessin V.Riout d'après P. Citerne 2003.

 

 

 

 

 

                 Proposition d'utilisation du bâton percé de Goyet Belgique.

                 Proposition et dessin V. Riout d'après Citerne 2003.

 


 

 

 

 

 

 

                    Proposition d'utilisation du bâton percé de Gourdan au saumon et au brochet.

                    Proposition et dessin V. Riout d'après Citerne 2003.

 

 

 

 

 

                                                           Proposition de restitution et d'utilisation du

                                                                bois de renne de La Vache (MAN 83.364)

                                                                  Proposition et dessin Vivien Riout

 

 

Ce bois de renne ressemble étrangement à l'aulasaut inuit que nous avons présenté, un bois de cervidé percé à une extrémité et présentant une fourche à l'autre. Sont identiques: le support, les deux aménagements et les dimensions de l'objet. Ce faisceau de présomptions est assez fort pour que l'on y voit deux objets ayant la même fonction. De plus, la pièce de La Vache a été trouvée dans une couche archéologique qui a livré des harpons. Chez les inuits, un mode de pêche consiste à attirer un poisson avec un leurre sans hameçon d'une main et le harponner de l'autre.


 

 

Leurre à poisson inuit, ivoire, côte, fil, 40,5cm*1,5cm,

collection du musée Glenbow, Calgary, Canada.

 

 

La scène du bois de renne de La Vache été appelée la chasse à l'auroch. Si les trois humains semblent en interaction, leur lien scénique avec l'auroch est moins évident. L'humain de gauche regarde vers le sol, celui du milieu tourne le dos à l'auroch, attitudes curieuses pour des chasseurs. D'après la lecture de Duhard (1996), une ligne horizontale traverse la scène au niveau des genoux des protagonistes. Nous y voyons une ligne d'eau ou de neige et interprétons cette scène comme une action de pêche. Le personnage de gauche pourrait tenir un harpon et un bâton de pêche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





 

 

 

 

 

La pêche apparaît comme une activité de subsistance tout à fait importante dans les préoccupations des hommes du Paléolithique au regard du nombre de probables bâtons de pêche retrouvés, plus nombreux que les propulseurs qui seraient au nombre d'une centaine selon Enricco Pozzi (2003).

Cette activité peut être confiée aux plus jeunes et à ceux qui ne chassent pas (nous n'avons pas dit les femmes!).

L'archéo- ichtyologie ne fait pas mention d'une aussi importante économie du poisson. Les raisons seraient la fragilité de conservation (Cleyet-Merle 1990) et les techniques de préparation des poissons. Il est plus facile d'écailler et vider un poisson au bord d'un cours d'eau que dans un habitat haut perché. Cela évitera entre autres la pestilence des entrailles pourries. La levée des filets pour conserver la chair par séchage ou fumage laisse comme déchets la tête et les arrêtes. En Russie, les Nivsk, peuple de la toundra faisaient la «  soupe des chiens à base d'arêtes et de têtes de poissons » (Delaby 1989). Si l'on considère que le chien est domestiqué depuis l'Aurignacien, on peut s'imaginer que peu de restes de repas aient été abandonnés.

Si la pêche revêtait une grande importance, nul doute que d'autres objets découverts lui sont associés. Mais pour savoir lesquels, il faut savoir quels types de pêche à la ligne ont pu être pratiqués.

La canne à pêche a trop imprégné notre imaginaire collectif pour chercher sereinement d'autres alternatives plus élémentaires. Le mode de pêche à la ligne le plus simple consiste en un appât monté sur un hameçon, 6 ou 7 mètres de ligne et une poignée range ligne en bois, cylindrique d'une dizaine de centimètres de long.

On imprime à l'appât un mouvement circulaire pour le jeter à quelques mètres seulement. On remmène la ligne et on recommence. Les appâts ne manquaient pas et étaient très bien connus des hommes du Magdalénien, pour preuve la sauterelle gravée de la grotte d'Enlène, d'un réalisme saisissant. Au dire des pêcheurs de saumons, la sauterelle est le meilleur des appâts. Elle provoque chez ce dernier une attaque immédiate et frénétique. Une autre technique de pêche plus élaborée consiste à réaliser un leurre qui a l'avantage d'être réutilisable et le pêcheur n'a pas à se soucier de chercher des appâts. Pour attirer le poisson, le leurre doit être en mouvement permanent. On peut le lancer et le ramener vers soi ou pêcher à la verticale, ce qu'on appelle la pêche au jig. C'est la pêche des Inuits dans un trou de glace. On agite verticalement le leurre pour attirer le poisson. Cette pêche peut également se pratiquer depuis une embarcation. Ces deux modes de pêche, au lancer et au jig, orienteraient nos travaux vers la recherche d'hameçons et de leurres. L'ethnographie comparée nous pousserait à revoir l'attribution de pendeloques pour de nombreux objets pisciformes aux contours découpés et pour certaines dents d'ours percées et gravées de poissons. Des outils pour faire des trous dans la glace, écailler, lever les filets de poissons ou tanner les peaux de saumon sont à rechercher. La méthode qui nous a conduits à associer pêche et bâtons percés, nous pousse à voir dans les lissoirs ornés de queues de poissons, des outils en lien avec la pêche. Une étude tracéologique pourrait nous renseigner sur un éventuel rôle dans le tannage des peaux de poisson.

 

                                                                                                                                                                                                             septembre 2015

 

 

 

 

 


(1): Proposition de restitution d'un bâton percé, réalisation et photo Vivien Riout

 

 


Webographie  :


naturallore.wordpress.com site anglophone de Kevin Warrington


inuitcontact.ca



Bibliographie  :


ALLAIN Jacques., RIGAUD André.

1986  : Décor et fonction, quelques exemples tirés du Magdalénien, L'Anthropologie,90,4,p.713-738.


BREUIL Henri.

1908 : L'Anthropologie T19 p185-190.


CITERNE Pierre.

2003 : Les poissons dans l'art paléolithique Thèse de doctorat en préhistoire Université Toulouse Le Mirail.


CLEYET-MERLE Jean-Jacques.

1990 : La préhistoire de la pêche, Paris, Ed Errance 195 p.


DELABY Laurence.

1989 : Cahiers de sociologie économique et culturelle, 12, p167- 170.


DUHARD Jean-Pierre.

1996 : Réalisme de l'image masculine paléolithique, Ed Jérôme Million.


GLORY A.

1965 : Nouvelle théorie d'utilisation des bâtons percés, in  : Centenaire de la préhistoire en périgord (1864-1964), Périgueux, Société historique et archéologique du Périgord, p.56-62, supp. Au Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord, 91 1964.


LEROY-GOURAN André

1973: Milieu et technique, Albin Michel.


PAILLET Patrick.

2014 : L'art des objets de la préhistoire, Editions Errance.



POZZI Enrico.

2003 : Les Magdaléniens  : Arts,civilisations, modes de vie, environnements Broché.


RIGAUD André.

2001 : Les bâtons percés  : décors énigmatiques et fonction possible. In:Gallia préhistoire, Paris, Tome 43,101-151.




Merci à Pierre Citerne pour l'autorisation d'utiliser ses dessins, Kevin Warrington pour ses photos, Laurence Riout pour son aide



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Figurine représentant un pêcheur inuit